Crédits The Great Bubble Barrier

Chaque année, 1,8 million de tonnes de plastique sont déversés dans les mers et les océans. Une fois dans la mer, il est presque impossible de récupérer les plastiques qui se dégradent alors en particules plus fines.

Comment lutter contre cette pollution plastique ? Les scientifiques ont découvert que 80 % des déchets plastiques trouvés dans l’Océan étaient déversés par plus de mille cours d’eau et que la plupart de ces déchets étaient transportés en majorité par les petits cours d’eau des aires urbaines densément peuplées, et non par les plus grands fleuves. Un constat primordial pour comprendre et résoudre le problème des déchets plastiques.

Un enjeu fort au Portugal, où la région de Porto abrite deux des rivières les plus polluées par le plastique au Portugal, dont la rivière Ave (environ 10 tonnes de plastiques s’y déversent annuellement).

La Fondation ENGIE a souhaité contribuer à cet enjeu en faisant le pari de l’innovation et en soutenant l’initiative de « The Great Bubble Barrier », start-up néerlandaise fondée en 2017, pour la mise en place d’un système innovant de lutte contre les déchets plastiques dans les fleuves et rivières, une « Barrière à bulles » dans la région de Porto au Portugal.

Le 25 novembre, cette nouvelle « Barrière à Bulles » a été inaugurée sur la rivière Ave dans la ville de Vila do Conde

Crédits The Great Bubble Barrier

Cette « Barrière à bulles » est la première installée en dehors des Pays-Bas par la start-up néerlandaise après les deux premières déjà  en fonctionnement à Amsterdam (2019) et dans la région de Katwijk (2022).

Selon les études préalables réalisées, la « Barrière à bulles » peut retenir jusqu’à 86 % des déchets de la rivière Ave, avant qu’elle ne se jette dans l’océan Atlantique.

Crédits The Great Bubble Barrier

La Technologie

En injectant de l’air dans un tuyau perforé au fond de l’eau (1), une paroi de bulles génère un courant vertical. Celui-ci fait remonter le plastique à la surface, puis le dirige vers la rive où il sera collecté par un système de récupération (2) placé au bord de la rivière.

La « Bubble Barrier » est un système unique, innovant et écologique.

Crédits The Great Bubble Barrier

Ce projet au Portugal a été développé dans le cadre de MAELSTROM (Smart technology for MArinE Litter SusTainable RemOval and  Management), un projet d’ampleur financé par l’UE qui soutient des technologies innovantes pour l’élimination et le traitement de la pollution plastique dans les écosystèmes fluviaux. Il a été développé par un consortium composé de 14 partenaires (comprenant des centres de recherche, des entreprises de recyclage, des ONG, des scientifiques marins et des experts en robotique de 8 pays européens), chargés de tâches spécifiques (évaluation de la présence de déchets dans les rivières, enlèvement des déchets, recyclage…).

Crédits The Great Bubble Barrier

Une “Bubble Barrier » dans un estuaire

Cette « Barrière à bulles » est implantée dans l’estuaire de la rivière Ave, ce qui signifie que la marée montante y amène deux fois par jour des flots d’eau salée, réduisant ou même inversant le sens du courant et augmentant le niveau de l’eau d’environ 2,5 mètres…

La Bubble Barrier Vila do Conde est le premier projet réalisé dans un estuaire et servira de modèle pour les futurs projets similaires. Les résultats de ce  projet pilote seront évalués après un an de fonctionnement.

Entretien avec CARLOS ROSARIO, PDG d'ENGIE Portugal

Carlos, pouvez-vous nous présenter brièvement les activités d’ENGIE Portugal ?

Au Portugal, ENGIE est une entreprise leader dans le domaine de la transition énergétique. Nous sommes présents dans le pays depuis 1983 dans la production d’électricité et les services énergétiques et nous fournissons à nos clients des solutions qui promeuvent la durabilité énergétique et environnementale grâce à la production d’énergie (renouvelable et thermique), au réseau urbain de chauffage et froid à Lisbonne et à des solutions énergétiques pour les clients tertiaires et industriels.

  • ENGIE est le deuxième producteur d’électricité du pays avec plus de 4 GW de capacité installée : 1,9 GW de capacité thermique (TrustEnergy), 1,7 GW de capacité hydroélectrique (Movhera) et 513 MW de capacité éolienne.
  • ENGIE Portugal exploite également le plus grand réseau de chauffage et de refroidissement urbain du Portugal (Climaespaço à Lisbonne).
  • ENGIE Portugal (avec ENGIE Hemera) est également un spécialiste des systèmes solaires photovoltaïques décentralisés  pour les clients B2B (avec plus de 30 MW installés).
  • ENGIE Portugal est enfin une référence dans le pays dans les services d’efficacité énergétique et dans l’exploitation et la maintenance d’installations techniques pour les clients industriels et tertiaires.

Pouvez-vous nous parler des défis à venir pour ENGIE au Portugal ?

Dans le domaine des énergies renouvelables, nous souhaitons développer nos capacités de production avec de nouveaux projets  et également en améliorant les capacités des actifs existants (modernisation, hybridation, repowering et overpowering).

Dans le domaine de la production flexible, nous allons poursuivre la décarbonation des sites existants.

Dans le domaine des services énergétiques, le développement pour nos clients de solutions innovantes à faible émission de carbone est au cœur de notre ambition, dans des domaines tels que le solaire et le stockage décentralisés, les réseaux de chauffage et de refroidissement urbains, les services d’efficacité énergétique et les Utilités sur site.

Quel est l’intérêt du projet « Bubble Barrier » à Villa do Conde pour ENGIE Portugal?

En lien avec les engagements du groupe concernant les Objectifs de Développement Durable (ODD) de l’ONU, ENGIE Portugal est très attentif aux respect des grands principes internationaux en faveur de la préservation de l’environnement, notamment l’ODD N°14 (« La vie aquatique »). Par conséquent, soutenir la mise en œuvre de la technologie innovante de The Great Bubble Barrier nous permet de lutter contre un problème environnemental mondial majeur, à savoir la pollution plastique dans les fleuves et les rivières, et contribuer ainsi à la préservation de la biodiversité et des ressources naturelles. Le soutien à ce projet nous permet d’incarner concrètement et de diffuser les principes et valeurs de notre RSE au sein de la population et de nos parties prenantes.

ENTRETIEN AVEC PHILIP EHRHORN, Chief Technology Officer et cofondateur de The Great Bubble Barrier

Philip, comment est née l’idée de la « Barrière à bulles » ?

Les trois autres cofondateurs de The Great Bubble Barrier, Anne Marieke Eveleens, Francis Zoet et Saskia Studer, sont des amis et des navigateurs de longue date qui trouvaient constamment du plastique dans la mer  lors de leurs sorties en bateau. C’est en buvant une bière après l’une de leurs sorties qu’ils ont commencé à réfléchir aux moyens de lutter contre la pollution plastique. Ils rêvaient d’une solution qui ciblerait les déchets plastiques sans entraver le trafic maritime ou la migration des poissons. Les bulles dans leurs boissons ont stimulé leur imagination, leur concept et leur premier prototype ont été récompensés et ils ont rapidement commencé à développer plus avant ce projet.

 A la même période, je développais ma propre « Barrière à bulles » en Allemagne. Lors d’un cours d’ingénierie environnementale, j’ai visité une station d’épuration des eaux usées. Des bulles étaient utilisées pour aérer le bassin et les plastiques présents étaient repoussés sur le côté. Je me suis alors demandé : « Pourquoi ne pas utiliser les capacités des bulles pour capter le plastique dans les rivières?

Finalement, nous avons décidé d’unir nos forces et nous avons cofondé The Great Bubble Barrier en 2017.

Après cinq années de R&D et de prototypage, notre équipe a développé la première technologie de « Barrière à bulles » au monde pour piéger efficacement le plastique dans les rivières. La première « Bubble Barrier » opérationnelle a été installée sur les canaux d’Amsterdam en novembre 2019, suivie de Katwijk en 2022. La « Bubble Barrier » Vila do Conde est la première en dehors des Pays-Bas.

Autres Bubble Barriers en opération aux Pays-BasCrédits The Great Bubble Barrier

Pourquoi le choix de ce site au Portugal ?

Le problème de la pollution plastique fluviale est universel : les déchets plastiques sont transportés par les rivières, traversant les frontières nationales et politiques, avant d’atteindre les océans.

La rivière Ave a été choisie parce qu’elle avait besoin d’une solution pour lutter contre la pollution plastique sans interférer avec ses activités quotidiennes. La rivière Ave prend sa source dans la chaîne de montagne de la Cabreira, dans la région du Minho. Elle traverse les villes de Guimarães, Vizela, Santo Tirso, Trofa et enfin Vila do Conde, et charrie les déchets plastiques dans l’océan Atlantique.

La « Bubble Barrier » Vila do Conde est ainsi la première  à empêcher directement la pollution plastique de se déverser dans l’océan Atlantique.

Quelles sont les interactions avec les autres parties prenantes (le consortium MAELSTROM, la municipalité de Vila do Conde, l’Université de Malte…) ?

La municipalité de Vila do Conde a adopté une approche proactive concernant le problème de la pollution plastique en s’associant avec l’équipe de MAELSTROM pour concevoir et mettre en place cette solution de « Barrière à bulles » dans la rivière Ave.

En effet, la barrière à bulles a été mise en œuvre dans le cadre du projet MAELSTROM, financé par l’UE, qui réunit un consortium de 14 partenaires internationaux ayant pour mission d’étudier et de mettre en œuvre des technologies innovantes pour l’identification, la collecte, le recyclage et la récupération des déchets marins.

Le projet a été entrepris sous la supervision scientifique du Conseil italien de la recherche (CNR), coordinateur du projet, et du CIIMAR – Centre interdisciplinaire de recherche marine et environnementale – une institution de recherche et de formation de premier plan de l’Université de Porto, qui a mené de nombreuses études pour comprendre l’impact environnemental de la « Barrière à bulles » sur l’écosystème fluvial de l’Ave.

Le CIIMAR a également facilité l’implication d’autres acteurs locaux tels que Docapesca Portos e Lotas, S.A., l’Agence portugaise de l’environnement, la capitainerie du port de Vila do Conde et le Centre de surveillance et d’interprétation de l’environnement de Vila do Conde (CMIA), qui ont joué un rôle extrêmement important dans la conception et la mise en œuvre du système.

Crédits The Great Bubble Barrier

La « Barrière à Bulles » est alimentée en énergie par des panneaux solaires installés par l’Université de Malte, un autre partenaire clé du projet MAELSTROM. L’université de Malte a conçu un système de panneaux solaires sur mesure – à la fois terrestre et flottant – relié au compresseur de la « Barrière à bulles » et aux bâtiments du CMIA et de la piscine municipale de Vila do Conde. Le système devrait produire 57 300 kWh d’énergie renouvelable au cours de la première année d’exploitation, compensant ainsi une partie de l’électricité requise par la « Barrière à bulles » pour son fonctionnement.

Comment voyez-vous le soutien de la Fondation ENGIE et d’ENGIE Portugal ?

Pour s’attaquer au problème de la pollution plastique, nous avons besoin de la collaboration de nombreuses parties prenantes, allant du secteur privé jusqu’aux gouvernements des pays.

Nous ne pouvons mettre en œuvre des projets de  « Barrière à bulles » sans des partenaires comme la Fondation ENGIE et ENGIE Portugal, qui soutiennent notre objectif de débarrasser les fleuves et rivières de leurs déchets plastiques. Nous leur sommes extrêmement reconnaissants pour leur soutien opérationnel et financier, qui a rendu possible la réalisation de cette « Bubble Barrier » à Vila do Conde !