Aurélie Jean - Docteure en sciences, spécialiste des algorithmes, Autrice et dirigeante d'entreprise, Administratrice de la Fondation ENGIE, un parcours brillant et inspirant
Aurélie Jean a fait sa recherche à l’Université d’État de Pennsylvanie, au MIT (Massachusetts Institute of Technology) aux États-Unis, après des études, à l’École des Mines de Paris, à l’ENS Paris-Saclay, et à Sorbonne Université, se veut pluridisciplinaire. Après des recherches dans le biomédical (sur le cœur et le cerveau), Aurélie Jean s’est orientée vers la finance et a fondé l’agence In Silico Veritas dans le but de développer des modèles mathématiques et numériques pour comprendre des phénomènes physiques, techniques, financiers, et réaliser des prédictions.
Aurélie Jean est également engagée depuis plusieurs années dans la promotion des femmes dans les métiers des sciences en devenant une role model, un modèle d’inspiration pour les jeunes femmes qui se lancent dans les études scientifiques.
- Vous êtes une femme engagée pour les droits des femmes dans différentes structures comme la Maison des Femmes soutenue par la Fondation ENGIE. Pourriez-vous nous donner les raisons de cet engagement ?
Je défends l’égalité dans l’exercice des droits entre hommes et femmes. Car même si nous avons les mêmes droits selon la loi, nous avons encore des différences profondes dans le pouvoir d’exercice de ces droits. La Maison des Femmes et Abris de Femmes font partie des associations que je soutiens activement et que la fondation ENGIE accompagne. Je remercie la fondation ENGIE d’agir en pratique et avec efficacité en donnant les moyens nécessaires à ces associations d’agir vite et de manière durable. Je tiens à remercier aussi plus personnellement, Elisabeth Richard qui m’a fait connaître la fondation et grâce à qui j’ai pu être administratrice.
- Vous êtes Docteure en sciences numériques : Les sciences dites “dures” (mathématiques, physiques…) et les univers technologiques, donc le numérique, sont encore des univers très masculins. Comment expliquer ce fait ? Comment changer les choses ?
Je déplore l’évolution (encore trop) lente des chiffres. Je reste persuadée que pour attirer plus de filles dans les études scientifiques il faut communiquer davantage sur ce qu’on fait en pratique avec ces sciences dures. Je parle souvent des problèmes que je réussis à résoudre, que ce soit dans le domaine médical ou financier par exemple. J’ai même co-développé un algorithme l’année dernière avec un grand parfumeur, Alexis Dadier et l’équipe de Jérémy Carles de la société Robertet. On peut tout faire avec les sciences!
Il y a de nombreuses raisons à cette disparité dans les études supérieures. Il y a l’auto-censure des filles qu’on arrivera à faire disparaître par la mise en avant des femmes scientifiques contemporaines ou du passé, et par une meilleure communication sur ce qu’on fait concrètement avec les sciences. Aussi, je crois beaucoup au fait qu’il faille parler aux parents qui peuvent avoir sans le réaliser des biais cognitifs sur ce que peuvent faire leur fille ou encore sur ce que sont les scientifiques en général. Enfin, je défends une plus forte acculturation aux sciences chez tous les citoyens pour éclairer l’humanité, faire avancer notre civilisation et inspirer les futures générations de scientifiques et d’ingénieurs.
- Les IA et les algorithmes sont de plus en plus présents dans notre quotidien et participent au développement de notre société. Peut-on penser que l’IA et les modèles mathématiques puissent favoriser l’émergence d’un rééquilibrage entre les hommes et les femmes en faisant disparaître les biais que peut introduire une personne décisionnaire selon son genre ?
Ayant tendance à voir le verre à moitié plein (rires…), je considère que l’apparition de biais algorithmiques et de discriminations technologiques est une bonne nouvelle car cela montre que les biais basés sur le genre, la couleur de peau, l’âge ou encore l’orientation sexuelle, n’ont pas encore disparu alors qu’on les croyait inscrits dans le passé. L’occasion de les révéler et de lutter contre leurs conséquences souvent catastrophiques pour la cohésion sociale et l’égalité des chances.
Les algorithmes et les mathématiques en général, permettent de mesurer la présence et les effets de ces biais, et donc de les faire disparaître en en comprenant la cause, en corrigeant les jeux de données biaisés car non représentatifs de la réalité, mais aussi parfois en intervenant de manière explicite. C’est ce que font de nombreux moteurs de recherche d’images qui ont rectifié volontairement les résultats fournis à la recherche du mot “PDG” qui ne sortait que des hommes d’un certain âge et blancs. Même si statistiquement c’est le cas, il faut parfois accepter de moduler la réponse (en prévenant éventuellement l’utilisateur) au risque de faire persister des clichés empêchant la société d’évoluer rapidement.
- Quelles sont vos actualités ?
La Sortie du roman d’anticipation Résistance 2050 co-écrit avec Amanda Sthers, chez les éditions de L’Observatoire prévue le 5 avril prochain.