Comme chaque année, la journée du 8 mars est dédiée par l’ONU à « la Journée internationale des droits des femmes », et est l’occasion de mettre en valeur des parcours et des leçons de vie, des engagements, de partager une exigence de parité et de progrès.
Celle de 2022 prend une dimension forte avec un thème fort : « L’égalité aujourd’hui pour un avenir durable », au cœur de la raison d’être d’ENGIE et de l’action de sa Fondation d’entreprise.
Ce thème souligne la contribution des femmes du monde entier qui sont souvent en première ligne face aux conséquences du changement climatique.
La fondation ENGIE a la conviction que le rôle des femmes est essentiel pour contribuer à la réalisation des objectifs du Millénaire.
La Fondation ENGIE met ainsi l’accent sur les causes portées par les femmes dans ses 3 grands domaines d’action :
L’éducation, et notamment celle des jeunes filles
L’accès de toutes et tous à l’énergie, la biodiversité et la lutte contre le changement climatique
L’insertion, l’emploi, la lutte contre la pauvreté
Avec comme exigence et attention aux projets qu’elle soutient, quatre critères :
– Renforcer le leadership des femmes et leur participation, notamment par l’éducation, l’accès à la culture et l’insertion par l’emploi
- Lutter contre les violences à l’égard des femmes et lutter contre la précarité – Renforcer l’autonomisation économique des femmes, notamment par l’accès à l’énergie et aux biens essentiels.
- Être attentif à l’égalité des sexes.
A l’occasion de la Journée des droits des femmes, la Fondation d’entreprise vous propose une rencontre avec deux femmes engagées pour le climat et l’environnement :
- Ariadna BURGOS Chercheuse au Muséum National d’Histoire Naturelle
- Patricia THAMON, chef de projet chez ENGIE et volontaire Energy Assistance France, ONG interne d’ENGIE
Ariadna BURGOS, chercheuse au Muséum National d’Histoire Naturelle a reçu le Prix de la Fondation ENGIE – Talents de la recherche du Musée de l’Homme 2019 pour son projet FEMCO
1) Pouvez-vous vous présenter et nous exposer votre parcours ?
D’origine colombienne j’ai effectué la totalité de mes études universitaires en France. J’ai fait une licence de biologie à l’université de Bordeaux 1, suivi d’un Master 1 en Écologie tropicale (Île de la Réunion) et deux Masters 2 au Muséum national d’Histoire naturelle : le premier sur les interactions entre les milieux et les sociétés, et le second sur l’expertise de la flore et de la faune (suivi et gestion de la biodiversité). Au cours de ces deux masters, mes stages ont eu pour objectif de travailler sur le reboisement des mangroves au Vietnam et au Sénégal. Ma thèse, toujours liée au sujet des mangroves, m’a invitée à m’intéresser encore davantage au rôle des femmes dans la gestion du littoral et dans l’alimentation. En effet, sur mon terrain de thèse en Indonésie (Siberut), les femmes sont les principales utilisatrices de la mangrove. Elles sont les seules à pêcher et à apporter les protéines quotidiennes à leur foyer, quand les hommes se consacrent davantage aux activités agricoles et à l’exploitation de la forêt. C’est avec ce travail que je me suis intéressée aux questions de genre que je développe aujourd’hui. À l’heure actuelle, mes deux études postdoctorales (en Papouasie–Nouvelle-Guinée et au Timor oriental) s’intéressent au rôle des femmes dans la pêche et dans le suivi des changements côtiers.
Copyright Ariadna Burgos
2) Pouvez-vous nous présenter le projet de recherche FEMCO et votre travail de publication, récompensé dans le cadre du Prix de la Fondation ENGIE en 2019 ?
Mon article porte sur les savoirs locaux, les usages et la gestion des coquilles vides en Papouasie–Nouvelle-Guinée. En effet, d’un point de vue archéologique, les dépôts coquilliers ou amas coquilliers sont perçus comme une source d’informations unique pour déterminer les lieux occupés par les sociétés anciennes et leurs modes d’alimentation. Mon étude montre que les dépôts coquilliers contemporains ne sont pas seulement le résultat de rejets, mais découlent d’un savoir-faire complexe : une sorte d’ingénierie écologique du littoral pour faire face aux changements climatiques. Bien que l’article n’ait pas vocation à faire une étude spécifique de genre, il se focalise sur les savoirs et savoir-faire locaux pour faire face à la montée des eaux dans les îles de Kavieng, en Papouasie–Nouvelle-Guinée.
Par ailleurs, le projet FEMCO vise, quant à lui, à développer des outils pour mieux intégrer les savoirs des femmes dans le suivi des changements socioécologiques auxquels fait face le littoral en raison des changements climatiques. Dans cette perspective, il prend pour objet d’étude une ressource naturelle qui joue un rôle clé dans l’alimentation et qui est principalement recherchée par les femmes : les coquillages (bivalves et gastéropodes). Ces espèces de mollusques sont parallèlement d’excellents indicateurs des changements côtiers et d’excellents « bio-indicateurs ». Dans les systèmes insulaires d’Asie-Océanie, les femmes, en raison de leurs activités quotidiennes de pêche de coquillages, ont une bonne connaissance de leurs habitats, de leurs modes de vie, des changements dans leur abondance, de la distribution des espèces et des dynamiques locales d’exploitation. Le projet s’appuie ainsi sur une recherche interdisciplinaire à la croisée de l’anthropologie, de l’écologie et de l’halieutique. Le projet FEMCO vise à faire interagir les savoirs locaux des populations et les approches scientifiques.
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3) Cette année, la Journée internationale des droits des femmes s’inscrit sous le thème « L’égalité aujourd’hui pour un avenir durable – en reconnaissance de la contribution des femmes et des filles du monde entier qui mènent l’offensive quant à l’adaptation et la réponse aux changements climatiques et à leur atténuation » et le projet FEMCO paraît bien illustrer cette thématique. Pouvez-vous nous donner votre point de vue par rapport à ces enjeux fondamentaux liés au dérèglement climatique et à la place et au rôle des femmes pour y répondre ?
Les femmes pêcheuses sont des observatrices quotidiennes du littoral, eu égard à leurs activités de pêche et de récolte de coquillages, à leurs interactions avec le littoral qui constitue une zone sensible aux changements climatiques. Dans ce contexte, les femmes ont un rôle prépondérant à jouer dans le suivi des changements globaux affectant le climat, tout comme dans la prise de décision, la gestion et la gouvernance du littoral.
Toutefois, l’intégration de leurs savoirs n’est pas une tâche simple, et ce pour plusieurs raisons :
1) car ces femmes sont généralement pauvres, illettrées et considérées comme dépourvues de « savoirs » ;
2) car elles font face à des difficultés pour faire entendre leurs voix ;
3) car elles sont femmes et qu’elles évoluent dans des sociétés fortement conservatrices qui ont encore des changements à opérer pour trouver un plus juste équilibre entre les hommes et les femmes.
Néanmoins, la situation n’est pas entièrement négative, car de plus en plus de femmes s’associent, se mobilisent, échangent et trouvent aujourd’hui des mécanismes pour s’adapter à de nouvelles conditions sociales et écologiques parfois difficiles. Dans les îles du Pacifique, par exemple, les femmes sont en première ligne face aux changements climatiques et plusieurs études scientifiques montrent que les femmes contribuent de manière significative à trois domaines clés de la résilience communautaire : en particulier, la résilience sociale, la résilience économique et la résilience écologique
Patricia THAMON, chef de projet chez ENGIE et volontaire ENERGYASSISTANCE FRANCE
Ingénieure de formation, Patricia est chef de projet chez ENGIE Solutions depuis 5 ans. Son quotidien : accompagner des clients industriels à trouver des solutions pour diminuer leur consommation d’énergie. Franco-malgache engagée, elle décide en 2019 de mettre ses compétences techniques et son énergie au service de projets solidaires avec Energy Assistance France.
« J’avais exprimé mon intérêt pour partir en mission pour EAF il y a quelques temps, mais tout était en stand-by avec la crise sanitaire. La réouverture des frontières a permis à EAF de lancer 3 missions mi-novembre. A peine un mois avant le départ, il y a eu un désistement dans une équipe : quand on me l’a proposé, j’ai tout de suite dit oui ! ». C’est de cette façon que Patricia a rejoint le projet, sous la direction de Jérôme FOURNET, volontaire aguerri. A leurs côtés, Emma-Louise CHAUDRON, qui travaille chez ENGIE dans le domaine de la communication, et Jean-Marc LONGO, électricien retraité aux compétences techniques hors pair.
« Cette mixité dans l’équipe, d’avoir des profils aussi différents, c’était vraiment génial ! ».
Patricia souligne également les qualités pédagogiques de Jérôme : « J’ai appris énormément de choses. J’ai l’habitude de travailler dans un contexte industriel, mais je n’avais jamais eu à câbler des installations, gérer l’installation de batteries… Il a été top. ».
Les missions terrain, c’est aussi s’adapter à l’absence de certains matériels, se débrouiller pour trouver des solutions quand tout ne se passe pas comme prévu.
« Le projet a permis l’électrification du centre de formation : ils disposent maintenant d’éclairage, de prises pour le matériel informatique et la recharge de téléphones portables. Il n’y a rien à proximité : le point le plus proche, c’est Antsirabe à 30 km… Nous avons également installé une pompe solaire qui fiabilise l’accès à l’eau. Cette eau sert à la fois pour la consommation usuelle et pour l’agriculture et l’élevage qui complètent les enseignements théoriques. ».
Les activités de ce centre de formation sont de plusieurs ordres : formation continue pour les jeunes et les adultes, mais aussi enregistrement à l’état civil des « enfants fantômes » pour leur donner une identité légale, garante du respect de leurs droits.
Patricia souligne l’engagement et le professionnalisme de Valentine, qui gère le centre. « L’organisation était au top, elle a libéré des personnes pour venir en appui et s’assurer que tout se passe bien. Au-delà de ça, une personne vraiment remarquable ! »
. L’implication de Riri, Pierre et Niry qui ont été formés pour gérer la maintenance et l’entretien de l’installation par la suite est exemplaire. « Le jour de l’inauguration, c’est Pierre qui a présenté l’ensemble des équipements : il était au point ! ». Le transfert de compétence est un point clé de la conduite des projets EAF : visiblement, une réussite !
Pour faciliter le suivi, une nouveauté : le monitoring à distance. « Depuis chez moi, je peux suivre le fonctionnement de l’installation, détecter les anomalies, … ça permet de réagir rapidement en cas de problème. »
Patricia revient particulièrement enthousiaste et motivée à s’engager sur d’autres missions pour EAF, que ce soit à Madagascar ou dans d’autres pays.
« Je trouve vraiment super qu’une entreprise comme ENGIE donne l’opportunité à ses salariés de partir pour ce type de mission. Ça donne beaucoup de sens à mon travail de tous les jours. C’est à la fois enrichissant et gratifiant. »